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dimanche 23 juin 2013

Posture démocrate pour une action chrétienne plus constructive


L'expression légitime de l'opinion chrétienne

Nous avons pu entendre de nombreuses voix se révolter contre l'expression d'une posture chrétienne, tant dans les médias que dans la rue, au sujet d'une réforme de société. L'Eglise doit-elle se limiter aux affaires spirituelles sans se mêler des affaires du monde ? Notre réponse est non, sans équivoque. Le Christianisme est une religion sociale, la lecture des évangiles suffit à nous en convaincre.
L’éthique enseignée par la Bible invite le croyant à prendre ses décisions selon sa raison et ses aspirations spirituelles, sans laisser ses désirs physiques le diriger. La manière dont notre société prépare, construit et vit ses unions dévie progressivement de la vision judéo-chrétienne, pour une approche consumériste. Le mariage devient un contrat temporaire qui valide la légitimité du couple et lui donne des droits et des devoirs civils, parfois il est simplement vécu comme une grande fête. Lorsque la culture d’une société laïque évolue, la mobilisation contre une loi comme le Mariage pour Tous conduit au plus à un délai, mais pas à une inversion de tendance. Rappelons que cette loi comporte des aspects positifs pour ceux qui en bénéficieront, en rendant des situations qui existent déjà moins difficiles. Les Chrétiens aiment les homosexuels comme leurs prochains, ils respectent leur liberté et ne leur souhaitent pas de malheur. Ils refuseront naturellement la radicalisation, la violence, la récupération par les partis du rejet et de la haine.
Une mobilisation chrétienne plus profonde est nécessaire pour que notre société place l'intérêt de la famille, des couples et des enfants au-dessus des pratiques consumériste. Le règne du profit a déjà conduit à la libéralisation des jeux d’argent, à l’apparition de sites internet dédiés aux rencontres extraconjugales. Les addictions, l’adultère se normalisent peu à peu.
L'Eglise ne peut pas interdire dans la société les choix qu'elle désapprouve, mais elle doit encourager ceux que la Bible recommande.

La justice sociale, un combat à ne pas négliger

Nous avons évoqué largement les questions d'éthique car il s'agit d'un champ d'intervention légitime de l'Eglise. Pourtant ces questions ne doivent pas occulter la responsabilité des Chrétiens pour la justice sociale.
Le commandement de Dieu « Aime ton prochain comme toi-même » est illustré par Jésus dans la parabole du bon Samaritain. Il est question d'agir concrètement et matériellement pour celui qui est en détresse à côté de nous. Le Chrétien ne doit-il pas réagir lorsque des millions de chômeurs semblent abandonnés ? Nous croyons qu'avant tout, il est urgent d'agir pour l'apaisement et l'unité de notre nation au service des plus démunis. Nous refusons d'être mis dans un camp et de nous fermer à ceux qui ne partagent pas notre opinion personnelle sur le « mariage pour tous ». Les points de clivages comme celui-ci n'ont qu'une utilité pour ceux qui les créent : interdire l’union des Français qui exigeraient alors qu’ils tiennent leurs promesses.
Nous demandons aux Chrétiens de France de prendre leurs distances avec les mouvances d’extrême droite qui utilisent la défense de la famille comme un cheval de Troie pour déstabiliser le pays. Nous les encourageons au contraire à s’engager toujours, dans les actions, les associations ou les partis de leur choix pour que la justice sociale et la dignité humaine redeviennent la priorité de nos élus et de notre nation. Nous croyons que c’est dans la construction plus que dans la contestation que l’Eglise peut rendre le monde meilleur.