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samedi 29 juin 2013

La droite essaie de justifier ses thématiques

L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a publié une étude sur la part des étrangers dans les «multimises en cause pour crimes et délits».
Cet organisme est dirigé par Christophe Soullez, fondateur d'une association liée à l'UMP. Nous pouvons donc douter de la neutralité de cette étude.


Cette approche est malhonnête...
Les résultats sont clairs, je ne les mets pas en doute. Mais je suis bien placé pour savoir qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres (ma formation de base étant la finance).

D'une part, il existe beaucoup d'autres critères selon lesquels nous pouvons classer les délinquants : niveau de diplômes, de revenus, lieu ou type de résidence, etc. Sans aucun doute les résultats nous montreraient que les personnes impliquées dans les "multimises en cause pour crimes et délits" sont généralement plus pauvres et moins éduqués que le reste de la population. C'est le cas de la majeure partie des immigrés, qui sont stigmatisés par cette étude. Je ne cherche pas ici à trouver des excuses à la délinquance, il n'y en a pas. Cependant il ne faut pas se tromper sur les causes. Faire ressortir un lien de causalité entre l'origine et le respect des lois est donc profondément injuste et néfaste.

D'autre part, la quantification par le nombre de personnes "multimises en cause" est un raccourci intellectuel*. Ce terme me laisse croire que la culpabilité n'est pas nécessairement établie pour les sujets de cette étude. Mais surtout, le nombre masque la gravité des faits reprochés. On reproche en ce moment une escroquerie en bande organisés à des Français qui a coûté plus de 400 millions d'euros aux contribuables. Parlons aussi de l'évasion fiscale qui nous coûte une fortune. La totalité des délits commis par les étrangers peut-elle rivaliser avec des infractions de ce genre ? Je ne le crois pas.

*On nous a fait croire de la même manière que les délinquants sont très souvent mineurs. J'ai creusé la question pour voir ressortir deux biais : ils se font beaucoup plus souvent attraper que les adultes, et la hausse statistique était liée à une approche différente de la police qui se contentait jusque 1995 de les gronder et de les ramener à leurs parents.


... et c'est volontaire
Pourquoi l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales voudrait-il nous induire en erreur ?
Sous la direction de Nicolas Sarkozy puis Jean-François Copé, l'UMP a repris les idées du Front National. Les problèmes des Français seraient dus à l'immigration et au multiculturalisme de notre société. La stratégie est facile à comprendre, il s'agit de dire aux électeurs ce qu'ils ont envie d'entendre. Je peux comprendre que tout le monde à droite n'ait pas la conscience tranquille avec une telle posture. Il faut alors se justifier, se convaincre que c'est vrai.
Voilà la réelle utilité de cette étude, relayée par le Figaro.
Je veux répondre à ce discours que la délinquance a toujours et partout été engendrée par la pauvreté, le manque d'éducation et de perspectives d'avenir.

Je veux aussi faire reculer le Front National, mais pas en lui empruntant son discours. Je préconise une politique qui donne la priorité à l'éducation pour tous, mieux adaptée aux besoins de chacun, qui génère de la croissance et de l'emploi, nous verrions alors l'insécurité diminuer et cela permettrait aux immigrés de trouver leur place dans notre société et de se sentir français.

Aujourd'hui, le centre est bien seul à défendre ces idées, coincé entre une droite aigrie et une gauche qui se réveille difficilement de ses illusions.

Barroso : un coupable idéal

Voici un très bon article de mon ami Frédéric Triviaux, dont je vous recommande la lecture :
http://jdemrhone.lesdemocrates.fr/2013/06/29/barroso-un-coupable-ideal/

lundi 24 juin 2013

Quelle réforme fiscale ?

http://www.lemonde.fr/tiny/3435012/

Bruno Le Roux veut une grande réforme fiscale. Jusque là on est d'accord, mais laquelle ?

La mesure phare préconisée par le président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, c'est la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG avec un prélèvement à la source. La mise en oeuvre sera sans doute compliquée et douloureuse, mais on se demande où est passée la grandeur.
Prenons de la hauteur : la taxation de l'emploi (charges patronales et salariales) correspond à une logique du XIXe siècle. Le travail était considéré comme une mauvaise chose, qui prive de liberté et détruit la santé. Malheureusement faire partie de la population active est devenu un privilège, qui vous amène un logement, du lien social et une certaine liberté liée au pouvoir d'achat (choisir ce qu'on consomme, se déplacer, etc.). Pire, ce qui apporte aujourd'hui des externalités négatives à la France, c'est le chômage. La liste est longue : marasme économique, désespérance des jeunes, délinquance, désocialisation, etc.
Alors disons-le : taxer l'emploi est une pratique archaïque et contre-productive. Le salarié doit recevoir sur son compte en banque le montant exact que son entreprise le paie.
Il nous faudra toujours financer le système social, je ne crois pas que l'argent pousse sur les arbres. Pour la contribution "patronale", prenons une assiette qui ne pénalise pas l'emploi comme l'excédent brut d'exploitation. Ainsi l'entreprise qui crée de la richesse avec peu de salariés contribuera autant à financer le chômage et les retraites que celle qui emploie beaucoup. Bien sûr il faudra des mécanismes pour éviter l'évasion fiscale, c'est un faux problème : quand on veut on peut. Pour la contribution des ménages, l'impôt sur le revenu est une bonne formule. Sa progressivité garantit une certaine justice sociale ; il s'appuie sur le capital comme sur le travail ; le voir disparaître de notre compte en banque a une vertu pédagogique. En effet, qui peut dire combien de charges salariales il a payé l'année dernière ? Le prélèvement à la source nous déresponsabilise, nous fait oublier que l'argent avec lequel l'Etat fonctionne, c'est le nôtre.
Alors je dis oui à une réforme fiscale, mais fixons-lui les bons objectifs : simplifier le système, favoriser l'emploi et responsabiliser le contribuable.

dimanche 23 juin 2013

Le débat sur l’enseignement en Anglais à l’université


Un exemple frappant de comment on peut nuire aux étudiants français pour une soi-disant défense du Français
Geneviève Fioraso porte actuellement un projet de loi permettant une plus grande utilisation de l’Anglais dans l’enseignement supérieur. L’émoi que celui-ci suscite dans les milieux politique et intellectuel est frappant. Il nous révèle deux maux français, qui confirment que nos problèmes ne viennent pas de l’extérieur mais de nous-mêmes. D’une part, la France vit dans une peur du déclin, qui paradoxalement l’y condamne. D’autre part, les « élites dirigeantes » ignorent souvent la difficulté des jeunes à construire leur avenir, au point de sacrifier leur vie à des idées.

Le grand méchant déclin

Quand on a 25 ans, on entend depuis tout petit que la France est un pays moyen, dont la grandeur fait partie de l’histoire ancienne. On constate l’absence de croissance économique, de projet de société à long terme, la nécessité de se battre les uns contre les autres pour avoir une part d’un gâteau devenu trop petit.
L’obsession de la France : conserver coûte que coûte les acquis du passé. Elle se comporte comme un pays du troisième âge, qui a la vie derrière elle. Et pour cela elle se repli, elle refuse le changement, la compétition internationale, la prise de risque. La conséquence de cette attitude, c’est le marasme et bientôt le déclin annoncé. On appelle cela une prophétie auto-réalisatrice.
Pour les JDEM, vouloir une France grande dans une Europe forte, c’est inverser la prophétie. Notre nation devrait s’accrocher à son avenir plutôt qu’à son passé, et choisir de renouer avec la grandeur. Celle-ci n’est pas une question de taille de population, de territoire, ou d’armée. La grandeur de la France est entre autres d’être un pays prospère, où il fait bon vivre, duquel d’autres s’inspirent.
Le déclin de la Francophonie ne viendra pas de l’ouverture des universités aux autres langues internationales. D’ailleurs il a déjà commencé, et la cause est simple à comprendre : pourquoi parler la langue d’un peuple qui ne croit plus en lui-même, qui traite sa grandeur comme un doux souvenir ?

La jeunesse sacrifiée

Ce sont encore une fois les plus jeunes, qui devront payer les dettes, nettoyer la pollution, reconstruire l’unité nationale, qui subissent. Pour notre génération l’enjeu est très clair : avoir un emploi. Nous nous battons depuis la maternelle pour ça, nourris au « chômage » depuis le berceau.
On ne peut pas dissocier l’avenir de la langue Française de l’avenir des Français. Pour redresser la France dans un monde de commerce et d’échanges mondiaux instantanés, nous devons maîtriser le plus possible de langues. Le conservatisme linguistique ne nous aidera pas à innover, exporter, réduire la dette et le chômage.
La langue Française est vivante, ceux qui redoutent son évolution l’oublient. Renforcer les compétences des jeunes actifs sera bénéfique à notre pays, et donc à la Francophonie. Les JDEM veulent que nos dirigeants et nos enseignants donnent aux étudiants toutes les armes qui les aideront à réussir. Permettre l’enseignement en Anglais à l’université est une bonne réforme, nous la soutenons ! Car si la jeunesse est encore sacrifiée, notre nation continuera à mourir de ses propres peurs.

Après les délocalisations, la dématérialisation ?


Les fermetures successives de points de vente de produits culturels seraient-elles les prémices d'un séisme de grande ampleur ?

Nous avons déjà vécu un long processus de désertification industrielle, et nous réagissons enfin avec la volonté de produire en France. Nous savons que retrouver les activités et les emplois perdus au cours des dernières décennies sera une tâche de longue haleine. Nous devons pour y parvenir repenser en profondeur le rôle de l'Etat, le fonctionnement de nos administrations et de notre économie, nous devons bâtir une stratégie et une dynamique avec les entrepreneurs, les consommateurs et nos partenaires européens. Le MODEM prône depuis longtemps cette politique d'efforts et de volontarisme, et les années d'inactions nous coûtent très cher en emplois et en dette.

Aujourd'hui un autre danger se profile, il est nécessaire de réagir avant qu'il n'ait privé la France de toute chance de redressement. Les signes avant coureurs sont là : Virgin Megastore dépose le bilan, plusieurs librairies ferment, les autres tirent la sonnette d'alarme. Fidèles à une tradition politique française, certains ministres désignent un coupable à nos malheurs et font de la société Amazon un bouc émissaire.
Le danger auquel nous devons faire face n'est pas un site internet mais un phénomène : la dématérialisation. La production est partie dans d'autres pays, et la vente part dans un monde virtuel. Le drame, c'est que notre économie a tenté de remplir le vide laissé par les délocalisations avec des activités commerciales. La multiplication des centres commerciaux à Lyon en témoigne.  Croire que ce phénomène se limitera aux produits culturels est illusoire. Les vêtements, les chaussures s'achètent couramment sur internet, alors que la nécessité d'essayer avant d'acheter nous paraissait jusqu'ici évidente.

Fidèle à une autre tradition politique française, beaucoup diront que nous ne pouvons rien y faire. Parce que le MODEM croit en la France, nous proposons de faire face au danger et d'en faire une opportunité. Commençons par admettre l'évidence, une transition économique est aussi urgente que la transition énergétique. Celle-ci ne se limitera pas à suivre le mouvement et ouvrir des sites internet pour répondre à ceux qui siphonnent le chiffre d'affaires de nos boutiques. Nous devons faire preuve de créativité et dessiner la relation commerciale de l'avenir. Nous pouvons devenir les précurseurs de l'économie dématérialisée, et en faire une économie ré-humanisée. Les communautés d'utilisateurs, l'aménagement de showrooms, les démarches de co-construction ainsi que toutes les pratiques innovantes de l'économie tertiaire doivent être explorées dans le monde réel.
N'attendons pas que le changement vienne d'une main invisible ou de l'Etat centralisé. Nous proposons de créer à Lyon, dès 2014, un forum pour la transition économique qui réunira commerçants, chercheurs et consultants. Cette structure aura pour mission d'expérimenter de nouvelles formes d'activités commerciales et d'en partager les enseignements sur le territoire de la métropole.

Posture démocrate pour une action chrétienne plus constructive


L'expression légitime de l'opinion chrétienne

Nous avons pu entendre de nombreuses voix se révolter contre l'expression d'une posture chrétienne, tant dans les médias que dans la rue, au sujet d'une réforme de société. L'Eglise doit-elle se limiter aux affaires spirituelles sans se mêler des affaires du monde ? Notre réponse est non, sans équivoque. Le Christianisme est une religion sociale, la lecture des évangiles suffit à nous en convaincre.
L’éthique enseignée par la Bible invite le croyant à prendre ses décisions selon sa raison et ses aspirations spirituelles, sans laisser ses désirs physiques le diriger. La manière dont notre société prépare, construit et vit ses unions dévie progressivement de la vision judéo-chrétienne, pour une approche consumériste. Le mariage devient un contrat temporaire qui valide la légitimité du couple et lui donne des droits et des devoirs civils, parfois il est simplement vécu comme une grande fête. Lorsque la culture d’une société laïque évolue, la mobilisation contre une loi comme le Mariage pour Tous conduit au plus à un délai, mais pas à une inversion de tendance. Rappelons que cette loi comporte des aspects positifs pour ceux qui en bénéficieront, en rendant des situations qui existent déjà moins difficiles. Les Chrétiens aiment les homosexuels comme leurs prochains, ils respectent leur liberté et ne leur souhaitent pas de malheur. Ils refuseront naturellement la radicalisation, la violence, la récupération par les partis du rejet et de la haine.
Une mobilisation chrétienne plus profonde est nécessaire pour que notre société place l'intérêt de la famille, des couples et des enfants au-dessus des pratiques consumériste. Le règne du profit a déjà conduit à la libéralisation des jeux d’argent, à l’apparition de sites internet dédiés aux rencontres extraconjugales. Les addictions, l’adultère se normalisent peu à peu.
L'Eglise ne peut pas interdire dans la société les choix qu'elle désapprouve, mais elle doit encourager ceux que la Bible recommande.

La justice sociale, un combat à ne pas négliger

Nous avons évoqué largement les questions d'éthique car il s'agit d'un champ d'intervention légitime de l'Eglise. Pourtant ces questions ne doivent pas occulter la responsabilité des Chrétiens pour la justice sociale.
Le commandement de Dieu « Aime ton prochain comme toi-même » est illustré par Jésus dans la parabole du bon Samaritain. Il est question d'agir concrètement et matériellement pour celui qui est en détresse à côté de nous. Le Chrétien ne doit-il pas réagir lorsque des millions de chômeurs semblent abandonnés ? Nous croyons qu'avant tout, il est urgent d'agir pour l'apaisement et l'unité de notre nation au service des plus démunis. Nous refusons d'être mis dans un camp et de nous fermer à ceux qui ne partagent pas notre opinion personnelle sur le « mariage pour tous ». Les points de clivages comme celui-ci n'ont qu'une utilité pour ceux qui les créent : interdire l’union des Français qui exigeraient alors qu’ils tiennent leurs promesses.
Nous demandons aux Chrétiens de France de prendre leurs distances avec les mouvances d’extrême droite qui utilisent la défense de la famille comme un cheval de Troie pour déstabiliser le pays. Nous les encourageons au contraire à s’engager toujours, dans les actions, les associations ou les partis de leur choix pour que la justice sociale et la dignité humaine redeviennent la priorité de nos élus et de notre nation. Nous croyons que c’est dans la construction plus que dans la contestation que l’Eglise peut rendre le monde meilleur.

Quand les grands partis choisissent les extrêmes

http://www.lemonde.fr/tiny/3434871/

La législative partielle de Villeneuve-sur-Lot confirme une tendance forte dans les relations entre le PS et l'UMP. Depuis des décennies nous avions l'habitude de voir la gauche s'allier à son extrême contre la droite. L'équivalent à droite devient progressivement une réalité.
Pour les socialistes, la différence entre leur adversaire traditionnel et le Front National ne justifie plus de mobilisation "républicaine". Pour l'UMP, dont le président appelle à voter utile, l'opposition au gouvernement semble réunir plus fortement que l'opposition aux extrêmes. Il y a entre les deux camps une frontière imaginaire, qui les conduit à se déchirer aussi bêtement que les Capulets et les Montaigu.
Ce qu'il y a d'inquiétant dans cette tendance, c'est qu'elle nourrit les électeurs d'une haine croissante. Les grands partis montent les Français les uns contre les autres et cherchent de l'appui auprès de mouvements dont ils connaissent le danger.
Nous ne sommes encore qu'au début de l'ère politique qui s'ouvre. Mon pronostic est que nous verrons bientôt les extrêmes prendre le dessus sur les partis traditionnels, idéologiquement ou électoralement. Chacun devra alors choisir entre deux options : briser le mur du centre pour redresser la France dans un mouvement d'union nationale, ou la laisser s'enliser pour continuer de profiter encore un peu du pouvoir éphémère que détiennent le PS et l'UMP.