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mardi 1 juillet 2014

Transition énergétique : pour quoi faire ?

Vous avez sans doute entendu parler de la loi sur la transition énergétique. En pleine période de crise, l'écologie a tendance à passer à l'arrière plan. Ce sujet parait gadget alors que le chômage et l'extrême droite croissent, que l'ancien Président est en garde à vue et que le parlement se déchire autour de la réforme territoriale. 
Pourtant la transformation qui touche le secteur énergétique pourrait changer en profondeur notre modèle économique et social. Voici quelques raisons de vous intéresser à ce débat.

1. Mettre fin au déficit commercial français

Contrairement à l'idée répandue, la France n'est pas un pays commercialement dépassé. La différence entre nos importations et nos exportations (61,2 milliards d'euros en 2013) est essentiellement constituée de factures d'énergie (plus de 60 milliards d'euros). Qu'il s'agisse de pétrole, de gaz ou d'uranium, nous dépendons d'autres pays pour faire fonctionner l'ensemble de nos appareils. 
Nous avons deux moyens de régler cette situation. La première est la sobriété énergétique, c'est-à-dire consommer moins des ressources dont nous manquons. La seconde est la production locale d'énergie. Nous avons des ressources disponibles, par exemple l'éolien ou le gaz de schiste... J'y reviendrai plus bas.
Plus vite nous saurons produire et économiser notre énergie, plus vite nous cesserons de nous appauvrir.

2. Sortir par le haut du réchauffement climatique

Notre société ne dilapide pas que son argent pour soutenir son niveau de vie, notre capital environnemental y passe aussi. L'épuisement des ressources naturelles et l'émission de gaz à effet de serre (et de beaucoup d'autres choses qu'on préférerait ne pas respirer) font partie du prix à payer pour notre confort. 
Nous sommes devant un choix. Certains suggèrent de renoncer à ce confort, ils prônent la décroissance. Nous pouvons également mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour éliminer l'impact environnemental de nos activités. Cette voie implique une course aux innovations et des investissements lourds, et encore faut-il choisir les bons.

3. Garder une économie compétitive

Le prix de l'électricité est jusque maintenant plus bas en France que dans tous les autres pays, et c'est une bonne chose pour notre économie. Une activité qui a besoin de beaucoup d'énergie (par exemple un datacenter peut consommer autant que 20 000 personnes) a intérêt à s'installer dans un pays où l'énergie est abordable. On peut voir aussi des usines s'installer dans les pays où elles pourront polluer sans subir les lourdes contraintes réglementaires de l'Europe. 
Lorsque nous prenons des initiatives pour l'environnement qui pénalisent les consommateurs, nous prenons le risque de perdre des industries. Cela empire même la pollution planétaire par le transport généré et l'absence de règles du nouveau lieu de production. 
Il faut donc pour le bien de notre économie et de notre planète que nous entretenions des conditions d'activité favorables pour nos entreprises. La transition doit être rentable, c'est un défi de plus à relever.

4. Soutenir nos emplois et notre prospérité

La transition énergétique passe par des règles de construction plus élaborées (voir la RT2012) et une production locale d'énergie. Cela implique la mobilisation de systèmes innovants, de matériaux de construction et de ressources humaines manuelles et intellectuelles. Les premiers pays à développer ces choses pourront les exporter ou éviter de les importer. Le chemin que nous empruntons s'imposera tôt ou tard au reste du monde. Être un suiveur pourrait nous coûter cher, et nos voisins européens ont pris de l'avance. 
La France a l'opportunité de développer les industries qui pourraient devenir les Airbus de demain.
Source : www.developpement-durable.gouv.fr

5. Miser sur le long terme

Je vous ai promis d'y revenir, parlons un peu du gaz de schiste. Le débat actuel tourne autour du poids relatif de la pollution que son extraction générerait comparé à notre besoin de ressources énergétiques locales. Prenons de la hauteur sur les enjeux. A court terme, cette ressource permet aux Etats-Unis de doper leur économie et de proposer des produits au prix imbattables (en particulier dans la chimie). Pendant qu'elles se reposent sur cet avantage, leurs entreprises investissent moins dans la différentiation qualitative. 
Renoncer à cette ressource présente plusieurs avantages. Evidemment, le CO2 contenu dans ce gaz est toujours mieux sous terre que dans notre atmosphère. En creusant un peu plus, je vois que manquer de ressources faciles d'accès nous impose d'en trouver d'autres, plus pérennes et meilleures. 
Je peux illustrer ma perception de la situation par la condition humaine. Dans la nature nous sommes moins bien équipés que les autres espèces : ni griffes, ni crocs, ni force. Pour compenser, il nous a fallu les outils, le feu, l'esprit.

Si nous devons investir massivement dans les solutions qui résoudront les problèmes économiques et environnementaux que je vous ai présentés, nous avons intérêt à choisir celles qui seront toujours valables dans un siècle ou deux. Les énergies renouvelables, le biogaz, les biocarburants, la sobriété et la maîtrise énergétiques méritent que nous leur affections les ressources que nous pourrions consacrer à un gain de court terme.

Le débat sur la transition énergétique comporte bien des aspects que je n'ai pas abordés : l'énergie de nos véhicules, de nos villes, le rythme du changement, les risques (notamment liés au nucléaire), les meilleurs moyens d'entraîner toute la société sur le chemin choisi.
Je travaille dans le gaz et je ne veux pas prendre ici une posture partiale. Je vous invite à découvrir par vous même les propositions de structures comme l'ADEME, Negawatt et même mon employeur. J'espère simplement que cet article vous aura renseigné sur les enjeux de ce débat et donné envie d'y prendre part.


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