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lundi 8 juillet 2013

Mon coup de coeur pour le Pape

Il y a quelques jours, j'écrivais pour partager un coup de gueule.
Ce soir le Pape François m'a réchauffé le cœur. A Lampedusa, il nous a appelés à ne pas fermer les yeux sur la souffrance des plus fragiles, qui viennent mourir aux portes de l'Europe.
Ce discours me touche au moment même où beaucoup affirment que nous n'avons pas les moyens d'être généreux, que les pauvres devraient rester loin de nous. Comment l'Europe sortira-t-elle de son marasme avec un comportement mesquin ? La petitesse et le repli peuvent-ils nous ramener la grandeur ?
J'entends bien que charité bien ordonnée commence par soi-même. Mais je ne peux pas accepter cette logique, j'y réponds que prospérité bien ordonnée commence par les pauvres.
J'ai entendu ce matin que la Chine achète une large part de son lait pour enfants en France. Nos exigences de qualité, de protection des plus fragiles l'ont convaincue que nous sommes dignes de confiance. Il faut beaucoup d'audace pour être juste dans des circonstances difficiles, risquer ce qu'on a pour aider celui qui n'a pas. Le mirage des profits, de la compétition sans règles, de la victoire acquise en écrasant les autres est partout. On nous a éduqués comme ça : "soit meilleur que les autres ou tu seras chômeur, pauvre et inutile". Mais regardons où cela nous a mené. Dans quelle société nos parents vit-on maintenant ? Je ne doute pas que nos dirigeants aient fait de leur mieux, mais je constate leur échec.
Il est temps de faire autre chose, ne plus protéger le travailleur contre le chômeur, le citoyen contre l'immigré, la personne âgée contre le jeune. Cela suppose que nous prenions tous des risques : flexibiliser le marché du travail, taxer l'enrichissement plutôt que l'emploi, accueillir les immigrés, éduquer correctement les défavorisés, inventer un modèle social meilleur, protecteur de tous et créateur de prospérité. Le seul moyen de changer le cours de notre histoire, c'est de le faire ensemble plutôt que les uns contre les autres.
Aujourd'hui le Pape nous a montré une direction, le difficile chemin de la justice. Dans les choix de société qui se présenterons à nous dans les années à venir, saurons-nous lui montrer que nous l'avons entendu ?