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samedi 13 juillet 2013

L'Europe et la Nation

Aujourd'hui nous célébrons notre fête nationale. Nous avons choisi pour cela la prise de la Bastille, en 1789. Cette date ne marque pas la naissance de notre nation, qui trouve ses racines dans le peuple gaulois, ni même de la République qui a eu besoin de quelques années de plus pour émerger, et de près d'un siècle pour se stabiliser.
Aujourd'hui nous fêtons un événement représentatif de notre identité nationale. Le 14 juillet 1789, notre peuple a montré que la séparation des pouvoirs, la liberté individuelle, la justice n'étaient pas que des idées utopiques. Une prison, symbole de l'ancien régime, le seul que la France avait connu pendant des siècles, a été démontée pierre après pierre, et nous célébrons ce jour.

Après plus d'un demi-siècle de construction européenne, alors que l'Union est mise en doute par l'opinion publique, l'équilibre est-il possible entre notre identité nationale et nos projets d'avenir ?

Je veux commencer par éclaircir la différence qui existe entre notre appartenance à la France et à l'Europe.
Notre histoire et notre culture sont nationales. Nous avons une lecture commune des événements, que nous regardons tous comme des victoires ou des tragédies. Nous considérons les personnages historiques qui ont servi les puissances étrangères contre la France comme des traîtres, et ceux qui ont servi notre pays contre le leur comme des amis. Les références que nous partageons sont innombrables, la langue est la principale. Que nous le voulions ou non, nous sommes Français.
Notre relations avec l'Europe, bien que d'une autre nature, est très forte. Au fil des siècles, ce qui touchait l'un de nos pays avait des conséquences directes sur les autres. Les mêmes familles nous ont gouvernés, les mêmes réformes nous ont transformés. Riches de nos identités distinctes, nous avons tissé une histoire commune. Cela fait de nous une civilisation, un ensemble indissociable même lorsque ses composantes se font la guerre.

Notre parcours national nous a conduit à l'union de l'Europe.
Ce n'est d'ailleurs pas nouveau, les Romains, Charlemagne, Napoléon ont voulu y parvenir par la force. Nous avons une leçon à tirer du passé : nous sommes faibles lorsque nous luttons les uns contre les autres, et forts lorsque nous travaillons ensemble. Des précurseurs ont imaginé un système dans lequel nos pays mettent en commun leurs moyens de s'affronter : le charbon et l'acier lorsqu'il était question d'armement, la monnaie et le marché lorsqu'il est question de lutte économique. Avoir cette idée et la mettre en pratique, c'était à nouveau démonter pierre après pierre la prison de la Bastille.

C'est donc forts de notre identité nationale que nous pouvons écrire l'histoire européenne. 
Certains affirment que la France n'est qu'un petit pays et que nous ne pouvons pas nous passer de l'Union Européenne. C'est une tendance bien française à l'auto-flagellation. Demandons nous plutôt si nous voulons perdre encore notre énergie, notre richesse et peut-être notre sang à combattre nos voisins. L'unité de notre civilisation n'est ni une évidence, ni un acquis, ni une obligation, c'est un choix. Nous l'avons fait en tant que nation et je souhaite que nous le fassions encore.
Travailler ensemble, prendre nos décisions en commun, harmoniser nos fonctionnements et unir nos gouvernements dans une structure politique commune ne changera pas notre identité. Nous n'y perdrons pas la liberté de choisir le chemin de notre pays. Au contraire, la crise économique, la dette de l'Etat, l'impuissance des pouvoirs publics nous en privent peu à peu.

L'Europe est une chance pour redresser la France, et si ses institutions ne répondent plus à nos besoins, il faut les changer. En 2014, les élections européennes nous présenterons trois choix que je classe des extrêmes au centre :

  • faire un bond de 60 ans en arrière et détruire l'UE 
  • ne rien faire et attendre que le ras-le-bol des peuples les conduise au choix ci-dessus
  • réformer l'UE pour que son fonctionnement corresponde au projet des précurseurs qui l'ont imaginée


Je crois qu'il est temps de démonter une prison pierre après pierre, c'est celle de notre repli.