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mardi 3 décembre 2013

La démocratie participative : une utopie, une mode ou une pratique durable ?

Jeudi 21 novembre, j'ai eu l'opportunité de participer à un atelier sur les déchets organisé par l'association Anciela. Les participants étaient soit des personnes impliquées dans la vie associative, soit des citoyens qui voulaient agir à leur niveau. Par petits groupes, nous étions invités à réfléchir au problème et à ses causes. Ensuite chacun devait penser à une idée puis la partager pour la faire avancer collectivement.

Avec les Jeunes Démocrates du Rhône, nous cherchons à lancer une démarche similaire, en élargissant les thématiques à tout ce qui touche les Français. Je reviendrai sur ce sujet dès que nous serons prêts. Lors de cette expérience écologique, j'ai constaté que les idées qui émergent sont parfois innovantes et prometteuses. Le dialogue permet de les enrichir ou de les transformer.
Quand il s'agit de passer à l'action, c'est moins simple. L'assemblée ne donne pas vraiment suite aux idées considérées trop ambitieuses. Pour les autres, des volontaires se regroupent et proposent d'agir ensemble autour de l'idée qui leur a plu.

Une idée citoyenne

Avant de vous livrer mon analyse sur la démocratie participative que représentent de tels ateliers, je vais illustrer la démarche par l'idée qui m'est venue. Evidemment, elle s'est nourrie de pratiques existantes et de tendances de fond.
Je suis parti d'un constat : nous sommes globalement satisfaits de la société de consommation facile et pour la plupart nous ne voulons pas y renoncer (c'est pas très écologiquement correct de dire ça, je sais). Notre société ne peut pas fonctionner avec une production exactement égale à notre consommation, il est donc inévitable que nous produisions des déchets. La nature elle-même produit en abondance, comme l'illustre le fruit qui pourrit sans devenir un nouvel arbre ni être mangé. Chaque "déchet" de la nature est une ressource. Pour vivre dans l'abondance et sans polluer, nous devons réussir le même miracle.
Jusqu'ici rien de neuf, ça s'appelle l'économie circulaire.
Pour les déchets alimentaires, il y a le composte et encore mieux, la méthanisation. J'ai plein de choses à dire là dessus, cela fera l'objet d'un autre article. Je suis resté sur le non-alimentaire.
Comment faire de nos déchets des ressources ? Cet objectif dépasse le recyclage : lorsque vous produisez une trottinette avec 150 canettes en aluminium, vous avez toujours besoin de canettes pour lesquelles vous prélevez encore des ressources naturelles. Le cycle du verre s'approche de notre idéal, mais le processus pollue.
J'ai donc suivi une piste différente : la ré-utilisation. Dans notre tri sélectif, nous pourrions séparer les déchets destinés à la réutilisation. L'exemple type de cette pratique, ce sont les bouteilles consignées qui sont collectées dans d'autres pays Européens. Imiter ce que nos voisins font bien serait déjà une piste de progrès.
En creusant, je me suis dit qu'on pourrait aller plus loin : développer avec les grandes marques des emballages universels re-conditionnables et personnalisables (pour réconcilier le marketing et la planète). Le premier pas peut être fait par les collectivités locales en changeant la manière de collecter le verre pour récupérer les contenants sans les casser. Pour la suite, les associations de consommateurs, les inventeurs de labels, les précurseurs écologistes peuvent être les moteurs du changement. Un ingrédient est indispensable pour que cette idée fasse son chemin : la volonté politique.

L'indispensable pouvoir

Cela nous ramène à mon analyse sur la démocratie participative. Si les actions entreprises se limitent à produire des idées, ce n'est rien de plus qu'un débat. Si elles engendrent des actions individuelles ou collectives locales et limitées, il s'agit du fonctionnement associatif habituel de la société civile ou des entreprises. Ce sont là des composantes essentielles de notre société, qu'on ne me fasse pas dire le contraire. J'aime le débat et je m'implique dans la vie associative.
Toujours est-il que la démocratie participative implique obligatoirement un aspect politique. Dans le cas contraire l'usage d'un mot qui signifie "pouvoir du peuple" n'a aucun sens. Jusqu'ici, je cherche à affirmer que le "peuple" peut "participer" aux choix de société, proposer des idées de qualité, les confronter à la réalité. Je veux maintenant évoquer le pouvoir qui décide et qui met en application.
Je ne crois pas que le citoyen doive décider de tout en permanence. Moi même, je crois avoir une certaine fibre politique, et je sais qu'être consulté toutes les semaines pour voter au sujet de toutes les affaires publiques m'agacerait vite. La république est un bon système, nous donnons mandat à des professionnels (dans le sens qu'ils doivent / devraient s'occuper à plein temps de leur charge) pour prendre les décisions d'intérêt public et les faire appliquer.
Il faut donc concilier la participation citoyenne au pouvoir républicain. En d'autre termes, la démocratie participative ne peut exister qu'à travers des élus qui décident de jouer le jeu. L'envie de faire de la politique autrement ne va jamais loin si elle n'est pas partagée par ceux qui ont déjà le pouvoir.

Bref...

Utopie, mode ou pratique durable ? Toute innovation sociétale commence en étant une utopie. Il est probable que certaines personnalités se soient servies de ce concept et l'ait traité comme une mode pour gagner des voix et obtenir du pouvoir. Ils se sont ensuite vite coupé des citoyens et n'ont rien changé à la démocratie française. Mais je suis convaincu que la démocratie participative deviendra une pratique durable. Elle est même indispensable dans une France qui sent qu'elle ne peut que subir les changements qui lui semblent toujours défavorables.

Il y a aujourd'hui des élus, comme le député Jean Lassalle dont la marche se termine le 14 décembre, qui veulent faire émerger cette utopie. En tant qu'élus locaux, les centristes devront suivre son exemple. Concrètement, il s'agira d'organiser des réunions de réflexion ouvertes à tous selon le modèle que j'ai donné ici en exemple. Au sein du MODEM, je m'engage à travailler pour que la démocratie participative fonde notre action politique et notre légitimité républicaine à long terme.
Et vous, avez-vous décidé de quelle manière vous participerez à la démocratie ?